

LE JUDAISME ANTIQUE
Les juifs déportés en Tunisie à l’époque de la destruction du Temple, et qui ont formé les tribus juives, emportent avec eux le seul judaïsme connu d’eux, celui totalement centré autour du Temple de Jérusalem, et ayant pour points de repères le Temple de Jérusalem, le service du culte réservé aux Cohen / Lévi, les sacrifices quotidiens, les pèlerinages.
La notion de Ghriba se rattache ainsi au judaïsme du Temple de Jérusalem, seule référence religieuse des ‘’ tribus juives’’. Une Ghriba a pour les membres des tribus juives, un statut supérieur à celui d’une simple synagogue car c’est l’équivalent du Temple de Jérusalem, lieu sacré par excellence.
Ces ‘’ tribus juives’’ ayant vécu séparés de leurs coreligionnaires installés dans les villes, sont restées totalement à l’écart de l’évolution de la religion juive, et de ses nouvelles lois.
Ce judaïsme du Temple ou judaisme antique, se perpétuera en effet pendant des siècles en Tunisie dans les tribus juives, puisqu’on y trouvera longtemps des castes de Cohen jouissant de privilèges au sein de leurs communautés.
‘’ Partout où le service du culte ancien subsistait encore, le Cohen prédominait. C’était le cas en Afrique du nord où le judaïsme antique prédominait encore, et où les juifs anciennement arrivés formaient la majorité…. En Afrique, les multiples groupements juifs avaient été peu pénétrés par l’esprit rabbinique‘’.
‘’ Les juifs citadins de la diaspora n’avaient aucun contact avec ces juifs nomades ou transhumants qui pratiquaient un judaïsme basé sur les traditions très anciennes en rapport avec celles qui existaient à l’époque du Temple de Jérusalem. C’est ainsi qu’on retrouve en Afrique un certain nombre de lieux de culte appelés Ghriba. A l’origine les Ghriba étaient de petits Temples plutôt que de véritables synagogues‘’.
‘’ Le nom de Ghriba peut se traduire par le mot solitaire ou miraculeux. Il s’agissait à l’origine d’un sanctuaire réservé aux Cohanim qui assuraient le service du culte et devaient être isolés du vulgaire. On retrouvait cette tradition à Jerusalem a l’époque antique où les Cohen, les servants du temple, étaient séparés du commun des mortels. Le nom de Ghriba, la solitaire, s’explique ainsi pour la distinguer des synagogues ordinaires‘’. (Didier Nebot dans ‘’ Les tribus oubliées d’Israël’’)
Voici ce qu’écrit Nahum Schlouschz, qui les a visitées au début des années 1800, à leur propos :
‘’ La Ghriba du Djebel Iffren est une synagogue souterraine qui nous ramène au temps où le service religieux se faisait dans les caveaux. Elle est isolée, solitaire comme l’était le Temple de Jérusalem à une époque où les lois sur la pureté étaient en vigueur. Elle est située en face d’un village qui porte encore le nom de Cohen, ou village des prêtres. Il s’agirait d’un ancien établissement des Cohanim abandonné par la suite par ses habitants. Ce fait a du se produire au 10eme siècle, à l’époque où le rabbinisme commençait à pénétrer en Afrique et a enlevé aux Cohanim leur suprématie sur le peuple‘’.
Et sur la Ghriba de Djerba :
‘’ Les habitants des deux villages juifs de Djerba se considèrent comme faisant partie de l'aristocratie juive. Deux éléments contribuent d’ailleurs à la haute opinion que les juifs de Djerba se font d‘eux même. D’abord la présence sur leur sol de la fameuse Ghriba, et en second lieu l’existence chez eux d’un clan des Aaronides ou Cohanim. Si la grande hara est le centre des habitants laïcs, c'est-à-dire des juifs descendant du peuple d’Israël, la petite hara, située en face de la Ghriba a toujours été le centre des Cohen‘’.